Préambule
Ce billet est un partage d’expérience. Je vous expose ici mon appartenance à un club de prise de parole en public anglophone à Paris. Vous y trouverez quelques mots autour du club ainsi que le discours d’introduction que j’ai donné.
Toast ?
Pour celles et ceux qui aiment prendre la parole en public comme pour celles et ceux que cela effraie, connaissez-vous Toastmasters ?
Toastmasters est une organisation internationale centenaire dont l’objectif est de permettre à qui le souhaite de débuter, travailler, parfaire, et bien sûr exceller à la prise de parole en public.
Toastmasters, c’est la maîtrise du fameux “toast” de début de repas.
Imaginez-vous à table lors d’un dîner en famille, ou face à vous-même.
Vous vous levez, et subitement, vous vous lancez dans un discours fascinant, enivrant, inspirant autour de quelque chose que vous souhaitez célébrer.
Porter un toast, c’est rendre hommage à certaines personnes, lors de cérémonies tels que les mariages, les anniversaires, mais aussi des moments plus délicats comme des funérailles.
Qui n’a jamais souhaité se sentir à l’aise à porter un toast ?
À se lever pour partager des émotions à des amis, de la famille, ou même votre animal de compagnie ?
Porter un toast, c’est bien plus qu’une simple prise de parole.
Porter un toast, c’est partager avec intensité quelque chose qui vous prend dans les tripes. C’est un moment suspendu pendant lequel vous pouvez vous amuser avec les subtilités de votre voix, de la langue que vous parlez ; un moment où vous pouvez regarder droit dans les yeux des personnes qui comptent, où défier celles qui chatouillent votre égo. Avec amour et bienveillance, évidemment…
Porter un toast, c’est danser avec les mots, capter avec l’attention, sublimer avec des gestes, transcender avec des émotions.
Les clubs Toastmasters
Que vous soyez familier avec cet univers ou tétanisé par un public, un accueil chaleureux vous sera assuré de façon à ce que vous puissiez appréhender le plus progressivement possible cet art, en anglais, comme en français.
Depuis quelques mois désormais, je fais partie d’un Club : Paris Speech Masters, se donnant rendez-vous un lundi sur 2, place du Châtelet à Paris. C’est un club anglophone car je souhaitais améliorer ma prise de parole en public en anglais dans le cadre notamment des cours que je dispense à côté.
Quelle ne fut pas ma surprise de bénéficier d’un groupe bienveillant dont l’unique volonté est de progresser et faire progresser autour d’un bon dîner ? Discours préparés, improvisations, grammaire, maître du temps, tout est réuni pour que les soirées se déroulent dans une fluidité des plus exquises.
Vous arrivez d’abord en tant qu’invité… Vous voyez des personnes devant vous, prenant la parole sur des sujets aussi passionnant qu’impactant, donc l’aisance peut décontenancer sans jamais intimider. La deuxième fois, vous donnez votre nom pour éventuellement être proposé à une prise de parole en improvisation. Un sujet aléatoire, 2 minutes pour en parler, histoire vraie ou inventée. Dans tous les cas, vous n’êtes jamais obligés.
Et de fil en aiguille, vous vous prenez au jeu, et vous envisagez de devenir membre, car vous avez cette présentation de projet qui vous tient à coeur dans quelques mois. Et vous souhaitez convaincre votre audience, l’inspirer, la séduire.
Alors vous vous inscrivez et s’ouvrent alors les portes de Toastmaster, avec des programmes dédiés pour améliorer votre prise de parole en public. Différents parcours vous sont proposés (leadership, inspiration, visionnaire…) sans oublier que vous bénéficiez d’un mentor qui vous accompagnement pendant toute l’année.
Et comme chaque nouvel arrivant, vous avez un discours de présentation à proposer, d’une durée de 4 à 6 minutes. Il est appelé brise glace, ou “ice breaker” pour les anglophones. Et je vous partage le mien pour vous donner une idée de ce qui peut être proposé.
Ce discours d’introduction a été donné le 30 juin 2025, lors de notre session vespérale. Pour les non anglophones, vous trouverez en dessous une tentative de traduction française.
En effet, lorsque l’environnement est caractérisé par une langue, alors mon esprit change de configuration et s’installe dans ce que je connais cette langue. C’est pourquoi la construction de ce discours s’est faite en anglais, et que la traduction ne porte pas en elle les mêmes subtilités que nous pouvons trouver en anglais.
Bonne lecture, et… à votre santé !
Discours en anglais
Good evening everyone, how are you feeling tonight?
An icebreaker, they say? Why would I break something that is already melting? Besides, I am not used to breaking things. I prefer connecting the dots, creating links.
So no — let me introduce myself with something I find more fitting.
I call it the fire linker.
Why a fire linker?
Well, if you’d like, just close your eyes for a few seconds.
Inhale slowly… and simply follow my voice.
Think of warmth.
Think of light.
Think of a warm light within.
Do you feel it?
Do you feel this warmth?
Do you feel this light?
It’s like a small flame in your stomach.
Feel that flame — and stay connected to it… because you already know who’s speaking through that flame: your inner child.
You may open your eyes.
My name is Antoine, and I’m glad to be here with you tonight — for the last time before summer.
And I’m supposed to introduce myself.
Who are you?
I usually answer: I’m working on it, every single day.
Do we ever really know who we are, when we carry the beautiful paradox of the constancy of change?
How can you grasp your essence, when time itself is evanescent?
Maybe a better question is:
What do you do in life?
I do my best.
And sometimes, with these answers I catch something in the eyes of others.
Because one thing I do know is that when I speak to someone, I always focus on just one eye — 90% of the time, the right one.
That already says a lot about me:
I am present.
I am dedicated to the people I am with.
Here. And now.
My current life could be split into three pillars:
On one hand, teaching — a blend of philosophy, psychology, and finance.
On the other hand, acting and writing.
And with the invisible hand that helps us through life, I am an aspiring therapist.
Teaching. Acting. Healing.
These are the three paths that define my journey — connecting body, mind, spirit, and soul.
Within, and with others. With you.
In front of me, like a layer between realities, I see a timeless arborescence — a flourishing constellation of dots, drawing connections between concepts that, at first glance, seem unrelated.
But I prefer observing over simply seeing, listening over merely hearing.
Remember: fully dedicated.
Here. And now.
I am someone who is surprised by nothing, yet loves to marvel at everything.
I wonder like a child, with the blunt honesty of a grumpy old man.
I see life as a carousel ride to be fully savored — because we do not know whether we shall be granted another turn.
I feel like an architect of thought, striving to uplift the human mind — and learning from every person I meet.
I shape contrast as a key to unlock the essence of ambivalence — that very tension which helps us grow.
I do not seek knowledge — I seek conviction.
I dance with perception.
I live with patience.
And I am in love with the human being.
What led me to this ambivalent reading of concrete and abstract realities?
My roots, I suppose.
I was born on January 3rd, 1991, in a small city called Bogotá, in a great country called Colombia.
I was fifteen months old when France welcomed me — with another identity.
Over the past months, in our conversations, I have sensed that this cultural ambivalence is something many of you share.
So may I ask:
Rising up your hands, how many among you have spent more than a year living in a country other than your country of birth?
Facts.
And that’s something else I value deeply: facts.
Yet most of the time, facts do not lie where some humans expect them to.
As I said, I am here, fully dedicated to us.
I cherish these moments when you share a part of yourself with others.
I know how delicate it is to speak in front of an audience.
But you’re not just an audience.
I can feel it — more or less, depending on where you are in your journey with yourself.
I sense inner children, too — present, dedicated.
Here. And now.
I feel the warmth. I feel the light.
And I thank you for it.
Because there is nothing more powerful, nor more beautiful, than the way you remain connected to it.
Here. And now.
Thank you.
Discours en français
Bonsoir à toutes et à tous, comment vous sentez-vous ce soir ?
Un « icebreaker », comme on dit ? Pourquoi devrais-je briser quelque chose qui est déjà en train de fondre ?
Et puis, je n’ai pas l’habitude de casser les choses.
Je préfère relier les points, tisser des liens.
Alors non — laissez-moi plutôt me présenter avec quelque chose qui, à mes yeux, a plus de sens.
J’appelle ça le lien de feu.
Pourquoi un lien de feu ?
Eh bien, si vous le voulez bien, fermez les yeux quelques secondes.
Inspirez lentement… et laissez-vous simplement guider par ma voix.
Pensez à la chaleur.
Pensez à la lumière.
Pensez à une lumière chaude, à l’intérieur de vous.
Vous la sentez ?
Vous sentez cette chaleur ? Vous sentez cette lumière ?
C’est comme une petite flamme dans votre ventre.
Sentez cette flamme — et restez en lien avec elle…
Car vous savez déjà qui parle à travers cette flamme : votre enfant intérieur.
Vous pouvez ouvrir les yeux.
Je m’appelle Antoine, et je suis heureux d’être ici avec vous ce soir — pour la dernière fois avant l’été.
Et je suis censé me présenter.
Qui suis-je ?
J’ai l’habitude de répondre : je travaille dessus chaque jour.
Se connaît-on jamais vraiment, quand on porte le magnifique paradoxe de la constance du changement ?
Comment saisir son essence, quand le temps lui-même est évanescent ?
Peut-être qu’une autre question est plus juste :
Que fais-tu dans la vie ?
Je fais de mon mieux.
Et parfois, avec ces réponses-là, je capte quelque chose dans le regard de l’autre.
Parce qu’une chose est sûre : quand je parle à quelqu’un, je me concentre toujours sur un seul œil — 90 % du temps, c’est l’œil droit/le bon (the right one).
Ça en dit déjà beaucoup sur moi :
Je suis présent.
Je suis dévoué aux personnes avec qui je suis.
Ici. Et maintenant.
Ma vie actuelle pourrait se résumer en trois piliers :
D’un côté, l’enseignement — un mélange de philosophie, de psychologie et de finance.
De l’autre, le jeu et l’écriture.
Et avec la main invisible qui nous soutient dans la vie, je suis un thérapeute en devenir.
Enseigner. Jouer. Guérir.
Voilà les trois chemins qui décrivent mon parcours — reliant le corps, l’esprit, l’âme et le coeur.
En moi. Et avec les autres. Avec vous.
Devant moi, comme une membrane entre les réalités, je vois une arborescence intemporelle — une constellation de points en expansion, qui dessinent des connexions entre des concepts qu’on ne relierait pas au premier regard.
Mais moi, je préfère observer plutôt que simplement voir, écouter plutôt qu’entendre.
Souvenez-vous : pleinement présent.
Ici. Et maintenant.
Je suis quelqu’un que rien ne surprend, mais qui aime s’émerveiller de tout.
Je m’étonne comme un enfant, avec la franchise d’un p’tit vieux.
Je vois la vie comme un tour de manège qu’il faut savourer pleinement — parce qu’on ne sait pas si l’on aura droit à un autre tour.
Je me sens comme un architecte de la pensée, cherchant à élever l’esprit humain — et apprenant de chaque personne que je rencontre.
Je façonne les contrastes comme des clés pour accéder à l’essence de l’ambivalence — cette tension créative qui nous fait grandir.
Je ne cherche pas à accumuler le savoir, mais à nourrir des convictions.
Je danse avec les perceptions.
Je vis avec patience.
Et je suis amoureux de l’être humain.
Qu’est-ce qui m’a mené à cette lecture ambivalente des réalités concrètes et abstraites ?
Mes racines, je suppose.
Je suis né le 3 janvier 1991, dans une petite ville appelée Bogotá, dans un grand pays nommé la Colombie.
J’avais quinze mois quand la France m’a accueilli — avec une nouvelle identité.
Et ces derniers mois, à travers nos échanges, j’ai senti que cette ambivalence culturelle était quelque chose que beaucoup d’entre vous partagent.
Alors, puis-je vous demander :
Levez la main : combien d’entre vous ont déjà vécu plus d’un an dans un pays autre que celui de leur naissance ?
Des faits.
Et ça, c’est quelque chose que je respecte profondément : les faits.
Les faits ne mentent pas, même si, la plupart du temps les humains souhaitent les faire mentir.
Comme je le disais, je suis ici, pleinement dévoué à nous.
Je chéris ces moments où l’on partage une part de soi avec les autres.
Je sais combien il est délicat de parler devant un public.
Mais vous n’êtes pas qu’un public.
Je le sens — plus ou moins, selon où vous en êtes dans votre chemin avec vous-même.
Je perçois des enfants intérieurs, eux aussi présents, eux aussi dévoués.
Ici. Et maintenant.
Je ressens cette chaleur. Je ressens cette lumière.
Et je vous en remercie.
Car il n’y a rien de plus fort, ni de plus beau, que la façon dont vous restez connectés à cette lumière.
Ici. Et maintenant.
Merci.